Conseil
scientifique

Depuis quelques années déjà, certains résidents ont constitué des inventaires d’espèces dans leurs spécialités, notamment les herboristes Thierry Thevenin et Cédric Perreaudeau, et plus récemment les entomologues André Miquet et Anna Nikolenko. Le CENRA en a fait d’autres. J’ai gardé moi-même des listes, façon jardinière, d’essences plantées sur les quarante dernières années.

Depuis 2024, ce lieu est géré par un Fond de dotation, et les statuts de ce genre de structure encouragent la formation d’un « conseil scientifique ».

J’ai voulu expérimenter ce potentiel encadré parmi les autres structures et expériences de cette résidence professionnelle. Pour rappel, Rousselonge Maison du vivant a vocation d’être « un lieu de résidence pour toute recherche ou création concernant l’évolution du vivant ; destiné aux naturalistes, scientifiques, paysagistes, jardinier(re)s, agronomes, architectes, artistes et artisans en tout genre. » Un thème du lieu depuis ses débuts, et que l’on retrouve dans mes livres, c’est le dépassement des dualités occidentales : nature-culture, science-art, art-artisanat (tête/mains), etc. On rejoint les derniers mouvements dans la philosophie des sciences--Stengers, Despret et al, comme les dernières recherches écologistes sur l’interdépendance entre espèces et la reconnaissance de la sentience ailleurs que chez les humains. Bref, le respect du vivant, humain et autre. J’insiste particulièrement sur les échanges entre naturalistes et jardiniers-paysagistes, et je constate que beaucoup de jeunes ont soif de cette convergence et viennent à Rousselonge pour en discuter.

RMV reste cependant surtout un lieu d’accueil, pas un programme. Où l’on prépare des actions publiques à réaliser ailleurs : des livres (un déjà publié, trois en cours) ; des spectacles, des rencontres. Depuis 2015, la résidence travaille avec beaucoup d’acteurs locaux : Terre de liens, le PNRMA, la LPO, le CENRA, Labeaume en musique, le Sentier des Lauzes, l’Ecole locale itinérante de la pierre sèche et plus récemment, Réserves de nature et Marcher depuis la nuit des temps. D’autres organismes ont tenu ici leurs AG ou y organisent des rencontres : Vieilles racines jeunes pousses (l’herboriste Thierry Thevenin) ou l’agence Bivouac (paysagistes)

Le Conseil scientifique, tel que nous l’avons expérimenté à deux reprises en février et en juin 2025, répond lui aussi à ce désir d’échanges interdisciplinaires et de découvertes partagées. C’est un écosystème se nourrissant de la diversité et des interdépendances—y compris les « digressions fertiles », comme l’a dit un des membres, un peu comme un mycélium. Si nous choisissons des sujets pour chaque réunion, rien n’est imposé d’avance.

Certaines activités concernent et affectent directement la colline de Rousselonge ; d’autres peuvent engendrer des projets réalisés ailleurs.